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2nde Conférence Débat

Comment donc garantir un secteur minier qui soit respectueux des droits des travailleurs ? Quels cadres légaux, institutionnels et mécanismes mettre en place pour contrer le travail et la présence des enfants dans la mine au Cameroun ? Quelles actions prendre pour assurer la protection des droits du travail et l’instauration de lieux de travail sûrs ? Comment permettre aux travailleurs de la mine d’en faire un véritable métier productif qui contribue effectivement à leur essor et à celui de la nation toute entière ?

Voilà, de manière non exhaustive, quelques interrogations qui ont meublé les échanges lors de la seconde conférence débat autour du théme : « Jeunesse, Emploi décent et Secteur minier au Cameroun », auxquel la jeunesse camerounaise s'est fortement mobiliser à l'occasion de la 56ème édition de la fête de la jeunesse au Cameroun ce Vendredi 18 Février 2022. Alors que le gouvernement entend lancer plusieurs projets miniers de grande envergure dans un avenir proche, cet atelier a visé à contribuer à la pleine réalisation de l’ODD 8 dans le secteur minier au Cameroun.

S’inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre de l’action intitulée « Renforcement de la gouvernance budgétaire pour la fourniture des services de base durable dans le respect de la préservation de l’environnement », action portée par le Consortium Africa Development Interchange Network (ADIN), Afroleadership, Centre Régional Africain pour le Développement Endogène et Communautaire (CRADEC), Dynamique Mondiale des Jeunes (DMJ) et Transparency International – Cameroon (TI-Cameroon), cette conférence débat fait suite à la 1ère édition 2021 sur le thème « Comprendre les dimensions sexospecifiques de l’économie illicite au Cameroun ».

Pays de l’Afrique centrale, le Cameroun est considéré comme ayant un fort potentiel minier. D’ailleurs, à la suite des activités d’exploration réalisées dans le cadre du programme de cartographie géologique et géochimique du Cameroun à l’échelle 1/200 000 dans le cadre du projet Precasem, la prospection géochimique a abouti à la mise en évidence de plus de 1500 anomalies (indices de présence de minerais) dont un nombre significatif d’occurrences en or . Malheureusement, ce potentiel reste inexploité. Comme il ressort clairement de la lecture des rapports ITIE, le secteur minier contribue à moins de 1% au PIB national. On peut ainsi comprendre pourquoi le gouvernement a inscrit ce secteur au rang de ses piliers pour l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035 tel qu’on le voir dans la Stratégie présentée par le Ministère en charge des Mines le démontre clairement.

Engagé dans un processus d’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD), outre la stratégie ministérielle sus relevée, il ressort de l’examen du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE 2009-2020) d’une part et de la Stratégie Nationale de Développement (SND30) d’autre part, qu’à travers la valorisation de ses ressources minérales, l’État camerounais entend passer de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire sans que quiconque ne soit laissé pour compte durant cette mutation.

Pour réaliser cet objectif de croissance qui prenne effectivement tout citoyen en compte, dans sa SND30, le gouvernement entend promouvoir l’emploi et l’insertion économique. Ayant identifié le non-respect de la réglementation du travail au nombre des insuffisances du secteur de l’emploi, le gouvernement a élaboré une Politique Nationale de l’Emploi (PNE). Avec pour objectif global de « Promouvoir le plein emploi décent au Cameroun », la PNE repose notamment sur (i) la recherche permanente de la qualité de l’emploi et le respect des normes internationales de travail ; (ii) la garantie de l’accès à l’emploi pour tous ; (iii) la promotion et la protection du dialogue social ; et (iv) la protection et la sauvegarde de l’environnement.

Fort de ces piliers, dans le cadre spécifique de l’emploi dans le secteur minier, cela signifie que les populations riveraines ainsi que tout autre citoyen puissent bénéficier des retombées économiques, sociales et environnementales de ces activités minières.

Malheureusement, avec un secteur minier essentiellement artisanal (Rapport ITIE 2019), la mine au Cameroun est marquée par l’informel et faible optimisation des revenus issus de ce secteur. Le rapport ITIE 2018 relevait d’ailleurs que : « actuellement, le MINMIDT ne détient pas une cartographie exhaustive des opérateurs et des indicateurs de ce secteur en raison notamment de la décentralisation de la gestion des autorisations au niveau des Délégués Régionaux et les difficultés matérielles pour le suivi de ce type d’activité. »

Un tel état de chose ne favorise guère le développement d’un secteur minier responsable qui protège et promeuve un emploi décent et par conséquent une circulation des flux licites du fait du respect des certains standards en matières environnementales, sociales et économiques tel que visé par la PNE. L’actualité minière durant ces 4 à 5 dernières années et surtout récemment en 2021 a d’ailleurs révélé que le secteur minier est : (i) en proie au travail des enfants, (ii) caractérisé par le non-respect des droits des travailleurs (pas d’équipement de protection individuelle, sans protection sociale, absence de contrat, etc.) et (iii) l’exposition des femmes et des enfants au mercure et autres produits toxiques affectant de manière significative et négative leur santé et leur éducation.

Alors que l’ODD 8 porte sur le « travail décent et croissance économique », le présent atelier vient poser la problématique du caractère licite de cette croissance économique dans un contexte où, relativement à la notion de travail décent, dans le cadre de l’exploitation minière, les droits humains et la protection de l’enfance ne sont pas toujours respectés. Et c’est peu dire. En effet, les priorités de cet ODD portent notamment sur (i) le plein emploi productif et un travail décent ; (ii) les différences de rémunération entre les hommes et les femmes ; (iii) le chômage des jeunes ; (iv) l’élimination de toutes les formes de travail des enfants ; (v) la protection des droits du travail et l’instauration de lieux de travail sûrs. Malheureusement, outre certaines dispositions légales prévues en la matière, dans la pratique le secteur minier ne reflète nullement la prise en compte de ces priorités.

Rapport de la conférence débat du 18 février.pdf